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"La Transfusion du sang de chèvre" de Jules Adler

Exposée à Paris, La Transfusion du sang de chèvre (1892) a lancé la carrière du peintre réaliste Jules Adler et nourri la gloire d’un médecin. Pourtant, l’œuvre met en scène une terrible erreur…



Allongée au premier plan, pâle comme un linge, une jeune fille est sur le point de rendre l’âme. Telle une Ophélie échouée sur une civière, la patiente tourne vers nous ses yeux à demi-clos. Bien qu’inquiétant, son état semble laisser de marbre les médecins qui l’entourent, calmement occupés à lui transfuser… du sang animal.

Sur ce grand format à la composition millimétrée, le peintre Jules Adler (1865 – 1952) dissèque l’acte avec méthode, en représentant chaque étape de la transfusion par un personnage distinct.


À l’arrière-plan, une infirmière prépare le matériel. Vêtu d’un habit noir et d’un tablier blanc, l’homme à sa gauche veille à ce que la chèvre donneuse reste bien ligotée à sa table de bois. À l’autre extrémité de celle-ci, son complice incise la carotide de la bête avec un scalpel. Entre ces deux hommes trône, sûr de lui, le chef de l’opération : le médecin Samuel Bernheim (1855 – 1915).


Exempt de tablier, ce dernier surveille fièrement la scène tout en tenant entre ses doigts l’outil central du transfert : le tuyau reliant l’animal à la jeune femme échevelée, recouverte d’un drap blanc. Conduit dont un autre collègue s’applique à planter l’extrémité, prolongée par une canule, dans le bras de la demoiselle, faisant serpenter un filet d’hémoglobine sur sa peau blafarde. Au premier plan à droite, montre en main, un autre membre de l’équipe semble prêt à constater le décès de la pauvre patiente.


Difficile à croire que ce tableau,  qui immortalise une grave erreur médicale – à moins d’un miracle, l’acte ne fera qu’aggraver l’état de la jeune femme, qui a peu de chances de s’en sortir vivante –, ait été commandé par Bernheim lui-même, qui souhaitait se voir représenté à l’œuvre tel un héros des temps modernes ! Auteur d’un article intitulé Transfusion de sang de chèvre et tuberculose pulmonaire (1892), ce célèbre spécialiste de la tuberculose, respecté dans son milieu, défendait en effet une théorie farfelue, selon laquelle transfuser du sang de chèvre à un être humain renforcerait son immunité contre cette maladie respiratoire infectieuse, qui était responsable de milliers de morts à la fin du XIXe siècle.

Lire la totalité de l'article de Joséphine Bindé sur Beauxarts.com

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